8 mars 2012

De la photo numérique au Mali ?

Une séance de l'association Digital Club, à Jicoroni-Para, Bamako. Les participants soumettent leurs images à la critique du groupe. Au premier plan, Emmanuel Daou. derrière lui, Yacouba Sangaré (chemise jaune).

Les toubabs sont étonnés :
"Comment ? On fait de la photo numérique au Mali ?"

J'ai eu plusieurs réactions de ce genre sur les réseaux sociaux. Je constate que, dans les pays du nord (ou riches, pour faire court), le Mali est d'emblée synonyme de sous-développement, de folklore traditionnel, et en photo, au mieux, de pratiques archaïques, au pire, de pas de photo du tout...

Certains autres, pour qui il n'est de photographie qu'argentique
, font la grimace : encourager le numérique en Afrique serait à leurs yeux une trahison.

Pourtant le Mali, comme tous les pays d'Afrique, vit le temps présent. Avec un certain retard, certes, dû à la difficulté de suivre la technologie, faute de moyens. Je peux vous affirmer que les Maliens sont fans d'internet et de numérique : ici la tradition, c'est aussi la communication. Et les photographes ont vite compris les avantages du numérique, en termes de coût de production.

Dans le contexte malien, les guerres picrocholines entre puristes de la Tri-X et geeks du mégapixel paraissent bien futiles à ceux qui luttent tous les jours pour (sur)vivre de leur métier.

Le Mali aspire à la modernité, pour le meilleur et pour le pire. Au nom de quels principes devrions-nous juger de ce qui est bon pour eux ? La position de notre groupe est de répondre à leurs demandes, avec tout le respect qui est dû à leurs projets de développement.

Nous encourageons tous les projets photographiques, en argentique et en numérique. Il se trouve simplement que les appareils numériques sont rares et chers ici, tandis qu'au Nord, on jette des appareils obsolètes.

Nous avons pensé que leur récupération pouvait modestement apporter sa pierre au développement du Mali et de l'Afrique.

Car la photo, et particulièrement la photo faite au Mali, ne devrait-elle pas refléter fidèlement l'état de lieux, plutôt que les fantasmes folkloriques des visiteurs étrangers, touristes ou professionnels ?

Et pour ce faire, ne devrions-nous pas donner aux Maliens la possibilité de nous parler en images de leur propre pays ?

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